Photographier Tchernobyl est un défi pour la photographie. Parce que Tchernobyl n’est pas d’abord le nom d’une ville d’Ukraine, mais un mot qui évoque la catastrophe causée par l’explosion d’une centrale nucléaire le 26 avril 1986.
Cette catastrophe a exigé la mobilisation de 600 000 « liquidateurs », elle a conduit à l’évacuation totale de toute la population vivant dans les environs fortement contaminés de la centrale, elle a causé la mort d’un nombre de personnes qu’on s’est bien gardé de calculer, elle a précipité la fin du communisme soviétique et elle est venue mettre un terme à un certain optimisme technologique et industriel partout dans le monde.
Tchernobyl est donc le nom à la fois d’un lieu et celui d’un évènement. Et c’est bien pour cela que photographier Tchernobyl est un défi. Comment en effet représenter des lieux, des bâtiments, non pas seulement pour eux-mêmes, mais en tant que stigmates, traces, séquelles de la catastrophe ? Comment faire voir l’évènement qu’est Tchernobyl et non pas simplement un monde abandonné ? Mais aussi, comment rendre visible ce qu’on peut ressentir en ce lieu ? Comment donner à voir la peur et la menace ? Comment rendre l’inquiétant effroi causé par un danger qui se dérobe au regard ?
En somme, comment figurer par des photographies la face invisible mais si intensément présente de Tchernobyl : la terreur et le chaos, le tremblement du regard et l’ébranlement du monde ?
La série complète compte 96 images. Pour la voir en totalité, veuillez me contacter
Pour une présentation plus complète de cette série : ici
A lire aussi, le beau commentaire de Pierre Vinclair : http://vinclairpierre.wordpress.com/2009/11/20/visions-de-tchernobyl
Bonjour,
Comme votre blog n’est plus mis à jour depuis 2015 et que je crains que vous n’alliez point voir les commentaires laissés, je me permets de poster ici le commentaire que j’y ai écrit sous la note concernant Tchernobyl.
Je suis très impressionné par votre approche photographique pratique et théorique. Si le procédé de la surimpression, de la pose multiple, n’est pas nouveau, de l’utiliser ainsi dans une approche somme tout documentaire d’un événement par le lieu de son action, est particulièrement expressif, poétique tout en restant… documentaire. C’est-là une approche photographique des plus intéressantes. D’autant plus que, de mon côté, j’essaie de même d’aborder une autre photographie et il y a quelques années j’ai également, bien que dans une oindre mesure, expérimenté la pose multiple: http://www.zhongart.com/marcol/coincidence-9_07e/