Être nu, c’est se couvrir d’une parure de manières, d’afféteries, de feintes, de retraits et d’offrandes. C’est endosser d’autres vêtements pour jouer d’autres rôles. Que serait un corps nu entièrement privé de cette nudité ? Un corps dévêtu de sa nudité elle-même ? Non pas rendu à une supposée nature authentique, cette imposture libidinale de la culture. Plutôt un corps dépouillé de son identité, de son genre, de ses attraits. Un corps nu sans trace de la nudité.
Voilà ce que propose cette série d’images qui montrent des créatures inconnues et intimement familières. Des formes qui provoquent une exubérance de l’imagination où perce un trouble érotique. Des formes qui montrent que ce qu’on veut bien voir, ce qu’on redoute d’y reconnaître, ce qu’on voudrait ne pas voir sans être capable de s’empêcher de le faire. Une expérience de l’inquiétante étrangeté de nos désirs et angoisses familières. De la sorte, ces images retournent le regard du spectateur vers lui-même. Comme une image de sa psyché.
